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Cyril Darmon, expert en nouvelles technologies : "L'IA n'est pas là pour remplacer l'humain, mais pour l’assister." #3

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Dans ce premier épisode de la rubrique "Technologie" sur Wave Storia, Jean-Raphaël accueille Cyril Darmon, un spécialiste de l’intelligence artificielle (IA) et serial entrepreneur. L’épisode débute par une présentation détaillée du parcours de Cyril, un pionnier dans le domaine de la tech, qui n’a jamais travaillé pour personne d’autre que lui-même. Il raconte ses réussites marquantes, ainsi que ses échecs, et offre une perspective honnête sur la vie d’entrepreneur, marquée par des hauts et des bas.

Au fil de la discussion, Cyril met en lumière les différentes façons dont l’intelligence artificielle est utilisée dans plusieurs secteurs : de la santé, où elle aide à détecter des anomalies médicales, à l’agriculture, avec des machines autonomes qui labourent les champs. Il aborde aussi les concepts fondamentaux de l'IA, notamment l'IA générative, qui est au cœur de la création de contenu texte, audio et vidéo.

Cyril insiste sur l’importance de démystifier l’IA, souvent perçue comme une menace. Selon lui, l’IA n’est pas là pour remplacer les humains, mais pour les assister, notamment dans les entreprises où elle peut agir comme un « super stagiaire ». Cependant, il soulève des questions importantes sur l’éthique, notamment autour des biais présents dans les algorithmes et la manière dont l’IA se nourrit de préjugés en ligne.

L’épisode explore aussi les défis auxquels font face les entreprises dans l’adoption de ces technologies, particulièrement au niveau de la formation des employés. Cyril souligne que l’un des obstacles majeurs à l’adoption de l’IA est la peur qu’elle suscite, due à la méconnaissance de ses capacités.

En tant que consultant et conférencier, Cyril conseille de nombreuses entreprises sur l’utilisation de l’IA et aide à mettre en place des outils pratiques, comme sa propre plateforme Vika, un tableau de bord basé sur l’intelligence artificielle, conçu pour assister les entrepreneurs dans la création de contenu et le marketing digital.

Pour conclure, Cyril annonce un événement majeur qui se tiendra à Nice en décembre, où des experts de renom discuteront des impacts actuels et futurs de l’IA dans plusieurs industries, avec des démonstrations en direct. Cet épisode passionnant permet de mieux comprendre comment l’intelligence artificielle transforme déjà notre quotidien, tout en offrant des perspectives optimistes sur son avenir.

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Retranscription complète

Jean-Raphaël : « Bienvenue dans ce tout premier épisode de notre rubrique Technologie. Et pour commencer, nous sommes ravis d'ouvrir le bal, ou plutôt de mettre le bouton sur "on", avec Cyril Darmon. Cyril, bonjour. »

Cyril : « Bonjour. »

Jean-Raphaël : « Bon alors, Cyril, c'est une voix à laquelle il va falloir vous habituer, puisque ce spécialiste de la tech — et je le qualifierais aussi de "serial entrepreneur", mais ça, on en parlera plus tard dans un prochain épisode — viendra régulièrement animer cette rubrique avec des infos, des actus, et surtout du décryptage sur un monde qui peut parfois nous paraître un petit peu obscur.

Alors pour commencer, rentrons tout de suite dans le vif du sujet. Cyril, j'aimerais d'abord, si tu es d'accord, que tu te présentes et que tu nous parles de toi, de ton parcours. Qui est Cyril Darmon ? »

Cyril : « C’est une super question. Mes associés disent de moi que je suis un pilote de supertanker, capable de le faire virer comme un rebord. Avec ça, on peut quand même aller relativement loin. »

Jean-Raphaël :« Alors allons-y ! »

Cyril : « Bah écoute, comme tu l’as très justement dit, je suis serial entrepreneur. Je n'ai jamais travaillé pour personne. J’ai toujours monté mes propres boîtes, mes propres produits. J’ai réalisé des choses absolument magnifiques et j’ai aussi fait des plantages absolument spectaculaires. Ce qui, en fin de compte, équilibre la vie d’un chef d’entreprise. C’est normal, voilà. Donc j'ai gagné, j'ai perdu, je gagne, je perds, voilà. C’est le parcours classique d’un entrepreneur. »

Jean-Raphaël : « Un parcours qui est essentiellement dans la tech, si je ne me trompe pas ? »

Cyril : « Exactement. Je suis issu d’une formation d’ingénierie informatique et d'intelligence artificielle. Donc ce domaine-là, je le connais depuis des années. J’ai toujours mis de l’IA dans tous les produits que j’ai pu créer, ce qui m’a donné des avantages concurrentiels exceptionnels, et surtout de belles réalisations. Voilà, un parcours des plus normaux pour un chef d’entreprise, avec des hauts et des bas. »

Jean-Raphaël : « Et aujourd’hui, où en es-tu ? Quelles sont tes principales activités ? »

Cyril : « Aujourd’hui, je suis à fond dans l’intelligence artificielle. J’utilise tout ce que j’ai pu apprendre jusqu’à présent pour mettre en place des cycles de conférences dans les entreprises. Je suis missionné par des entreprises pour parler, évangéliser et démystifier l’intelligence artificielle. Parallèlement, j’organise aussi des workshops de trois heures pour approfondir le sujet et montrer concrètement ce qu’est l’intelligence artificielle, mais en la manipulant. »

Cyril : « Voilà un peu les activités autour de la tech qui me prennent un temps fou. Et bien entendu, j'ai développé ma propre intelligence artificielle. Mais ça, on en parlera un petit peu plus tard, et on rentrera plus en détail là-dessus dans les prochains épisodes. »

Jean-Raphaël : « Ton parcours d’entrepreneur digital est impressionnant. Quels ont été, selon toi, les moments clés qui t’ont permis de rester à la pointe de l’innovation dans un secteur qui évolue tout le temps ? »

Cyril : « Alors, comme le dit ChatGPT, dans un secteur en constante évolution... Non, plus sérieusement, la vision que j’ai toujours eue, ce n’est pas celle d’un informaticien, mais celle d’un utilisateur. C’est quelque chose de très particulier chez moi, depuis le début de ma carrière professionnelle : je développe des programmes en me mettant à la place de l’utilisateur. En général, un informaticien est dans sa bulle quand il développe, il sort des fonctionnalités incroyables, mais parfois incompréhensibles pour un non-expert.

Moi, je développais avec une vision externe, celle de l’utilisateur. Déjà, ça m’a permis d’avoir cette souplesse et cette facilité de présentation des produits face à des usagers qui n’étaient pas informaticiens, ou qui n'avaient pas l’habitude de l’informatique. »

Jean-Raphaël : « Et tu as démarré ta carrière dans ce contexte-là ? »

Cyril : « Oui, j’ai démarré en tant qu’éditeur de logiciels de gestion de bibliothèques. Autant te dire qu’il y a 15 ou 20 ans, les bibliothécaires et l’informatique, ça ne faisait pas bon ménage. C’est toujours un peu pareil aujourd’hui, d’ailleurs, mais à l’époque, c'était vraiment le début. Ma grande force, à l'époque, a été de sortir un logiciel capable de se connecter à des bases de données distantes via Internet, ce qui n’était pas du tout commun à l'époque. On avait fait le choix de miser sur Internet, plutôt que sur le Minitel, ce qui nous a permis de nous différencier rapidement de la concurrence.

Ce qui m’a toujours permis de rester à la pointe de l’innovation, c’est cette veille technologique permanente. Tous les jours, je consacre une heure à lire la presse tech, française et internationale. Cela fait des années que je fais ça, ce qui me permet de rester informé des dernières tendances, et de me poser les bonnes questions pour orienter mes projets dans la bonne direction. »

Jean-Raphaël : « Tu parlais d’évangéliser, de démystifier l’IA. Ce que je te propose aujourd’hui, c’est qu’on se concentre justement sur l’intelligence artificielle. C’est le sujet du moment, et ça va occuper une place de plus en plus importante dans nos vies, mais avant d’aller plus loin, j’ai une question toute simple : c’est quoi, l’IA ? Et aussi, qu’est-ce que l'IA générative dont on entend de plus en plus parler ? »

Cyril : « Bien sûr. L’IA, en réalité, en anglais, on parle d’"Artificial Intelligence". Mais le mot "intelligence" en anglais n’a pas tout à fait le même sens que celui qu’on utilise en français. En anglais, "intelligence" désigne un regroupement de données, d’informations. Ce n’est pas forcément la même définition que l’on attribue au terme en français. Pour moi, la vraie signification d'"Artificial Intelligence", c’est ce regroupement massif d’informations, de données. Ce que l’on appelle aujourd’hui "intelligence artificielle" n’est en réalité qu’un ensemble d’algorithmes très complexes, qui traitent des quantités phénoménales d’informations.

Quand on parle de "réflexion" ou de "raisonnement" par l'IA, c’est plutôt un abus de langage. L’IA ne réfléchit pas, elle concatène, elle additionne des informations et des données pour arriver à un résultat. Le terme "réfléchir" est peut-être trop fort, mais on s’en approche. Aujourd’hui, ce qu’on appelle l'IA générative, c’est la production de contenu. Cela peut être du texte, de l’audio, de la vidéo... C’est vraiment la génération de contenu de manière autonome. Mais attention, l’IA existe depuis longtemps dans d'autres domaines comme la médecine. Par exemple, dans l'imagerie médicale, l'IA est capable de détecter des formes de cancer que l’œil humain ne pourrait pas identifier à un stade précoce. On parle ici de neurochirurgie assistée, ou même d'opérations réalisées à distance via des bras robotisés. »

Jean-Raphaël : « Donc l’IA, en gros, c’est partout ? »

Cyril : « Oui, et c’est vrai que l’IA a un impact énorme dans tous les secteurs. Que ce soit dans l’agriculture, où les machines autonomes travaillent les champs seules grâce à la cartographie topographique, ou dans d’autres industries. Aujourd'hui, les agriculteurs deviennent de véritables patrons high-tech. »

Jean-Raphaël : « L’IA est souvent perçue comme une technologie révolutionnaire, mais elle suscite aussi beaucoup de questions et d’inquiétudes, notamment en ce qui concerne la vie privée, l’emploi et l’éthique. Selon toi, comment peut-on encourager une adoption responsable de l’IA, qui bénéficierait à toute la société sans creuser les inégalités ? »

Cyril : « La première chose à comprendre, c’est que l’IA ne doit pas faire peur. Je le vois souvent dans les entreprises : les chefs d’entreprise, même des grandes sociétés, ont peur de l’IA, tout simplement parce qu’ils ne la comprennent pas. C’est la peur de l’inconnu. C’est une réaction humaine naturelle : quand le train est arrivé, les gens pensaient qu’au-delà de 20 km/h, ils allaient mourir. Pareil pour l’électricité ou encore la carte à puce. À chaque nouvelle technologie, il y a toujours une phase de peur.

L’IA, il faut la voir comme un assistant, un super assistant ou un super stagiaire, si tu veux. Ce stagiaire ne dort pas, ne mange pas, ne prend pas de vacances, et il apprend constamment. Il dispose d’un nombre incroyable d’informations. Mais il ne remplacera pas l’humain ; il viendra l’assister, l’accompagner. C’est un outil qui permet d’aller plus vite et d’améliorer les processus. Aujourd’hui, l’évolution est en marche, et on ne peut pas l’arrêter. Comme Internet ou l’électricité, l’IA est une révolution. Si elle doit remplacer certains métiers, elle le fera, mais elle ouvrira aussi de nouvelles perspectives. Il faut accepter que certaines tâches répétitives et chronophages seront déléguées à l’IA. »

Jean-Raphaël : « Tu parlais de l’impact de l’IA sur l’emploi, et effectivement, il y a cette peur de voir certains secteurs disparaître. Mais pour rester sur la question de l’éthique, on entend aussi beaucoup parler des biais dans les algorithmes. Est-ce que tu penses que les gouvernements ou les entreprises prennent la mesure du problème et agissent pour garantir une IA plus éthique et équitable ? »

Cyril : « C’est une vraie question, et elle est complexe. Les biais dans les algorithmes sont un sujet de préoccupation majeur. Il y a quelques années, le système de remboursement de santé américain, basé sur l’IA, favorisait davantage les patients blancs que les patients noirs. Pourquoi ? Parce que l’IA se nourrit d’Internet et des données disponibles, et il y a beaucoup de biais et de préjugés en ligne. L'IA est influencée par ces préjugés, ce qui est un vrai problème.

Aujourd'hui, les gouvernements commencent à se pencher sur la question, mais la régulation de l’IA est encore loin d’être suffisante. On essaie de mettre en place des garde-fous, mais c’est extrêmement compliqué, parce que l’IA évolue rapidement. En plus, les décideurs politiques ne sont souvent pas des experts en nouvelles technologies, ce qui ralentit la prise de conscience. Il faut donc rester vigilants, et surtout, il faut que les professionnels de la tech collaborent avec les gouvernements pour définir des règles claires et éthiques. »

Jean-Raphaël : « Selon toi, aujourd'hui, quelles sont les applications de l'IA les plus sous-exploitées dans le monde des affaires ? Et comment penses-tu qu'elles vont se développer dans les prochaines années ? »

Cyril : « Sous-exploité, je ne saurais te le dire, parce qu'aujourd'hui, dans le monde des affaires, toutes les applications, notamment dans le domaine financier, le domaine comptable, sont en train de se mettre à l'IA. Donc il y a une volonté intense de la part des acteurs de la finance et de la comptabilité de mettre en place l’IA. Mais en réalité, aujourd’hui, il y a un problème d’adhésion. Seulement 7 % des entreprises utilisent véritablement l’IA, ce qui est hyper faible. C’est très peu. »

Jean-Raphaël : « Là tu parles en France. »

Cyril : « Oui, je parle en France. C'est très peu et à la fois compréhensible. Quand je fais des workshops, je demande toujours qui utilise ChatGPT. Beaucoup lèvent la main. Ensuite, je demande qui en est vraiment content, et là, il ne reste que quelques mains. Pourquoi ? Parce que les gens ne savent pas discuter avec la machine. Il y a eu un effet "waouh" au lancement de ChatGPT, mais les résultats ne sont pas toujours ceux espérés. C’est très simple : ChatGPT, c’est comme avoir un moteur de Ferrari dans ton garage. Si tu ne lui mets pas de roues, de carrosserie, un volant, et tout ce qui va avec, ça ne sert à rien. »

Cyril : « ChatGPT, c’est un moteur de Ferrari, et on te le met devant toi, et on te dit : "vas-y, chat". Mais chat quoi ? C’est ça le truc, les gens ne savent pas vraiment ce qu’ils peuvent faire avec. Le potentiel de l’intelligence artificielle, aujourd’hui, dépend de la manière dont on l’utilise. Il faut savoir prompter correctement pour obtenir de bons résultats. »

Jean-Raphaël : « Je me permets une petite parenthèse pour ceux qui ne connaissent pas bien ChatGPT. Le prompt, c’est la manière dont on pose des questions pour orienter l’IA afin qu’elle nous donne les réponses les plus pertinentes. Aujourd’hui, le prompt se travaille vraiment. »

Cyril : « Exactement. Il y a des gens qui sont spécialistes du prompt aujourd’hui, on les appelle des "prompt engineers". C’est un métier à part entière. Avec l’évolution des modèles, on commence à avoir de meilleures réponses même avec des questions de base, mais savoir formuler ses demandes, c’est la clé. Il existe même des IA qui optimisent les prompts comme Perfect Prompt, qui peut prendre ton prompt et l’améliorer. »

Jean-Raphaël : « Ça, c’est génial. »

Cyril : « Oui, c’est vraiment incroyable. »

Jean-Raphaël : « Tu as fondé Warrior Academy, Coach Online, on en reparlera dans de prochains épisodes. Ce sont des plateformes éducatives en ligne. Quel rôle vois-tu pour l'éducation numérique dans la formation des futurs leaders du numérique et de l'IA ? »

Cyril : « Déjà, il faudrait que l'éducation nationale intègre l'intelligence artificielle dans les programmes. Ce serait un bon début. Nos étudiants, que ce soit en fac ou même au lycée, doivent pouvoir apprendre et comprendre l'IA. Demain, ils vivront avec cette technologie. Ce sont eux qui devront poser les futures barrières, éthiques et légales, autour de l'IA. Ce n'est pas notre génération qui sera capable de le faire. Dans dix ans, nous serons bien loin de tout ça, mais eux, ils seront en plein dedans. Si nous ne les formons pas maintenant, on va rencontrer de gros problèmes. »

Jean-Raphaël : « Il y a aussi de plus en plus d'inquiétudes autour de la régulation de l'IA, notamment en Europe avec de nouvelles législations. Tu as sûrement entendu parler du Digital Market Act. Cela a empêché le nouvel iPhone d'intégrer certaines fonctionnalités d'IA en France. À ton avis, est-ce que la régulation actuelle est suffisante pour protéger à la fois les utilisateurs et les entreprises, sans freiner l'innovation ? »

Cyril : « Alors là, c’est un sujet épineux, et je risque de me faire des ennemis. Déjà, il faut savoir que ton smartphone t’écoute en permanence. Il y a quelques temps, je regardais un film, Kingsman. Ils ont des montres Bremont que j’adore. J’en parle à ma femme, et une demi-heure après, je reçois une publicité Bremont sur mon téléphone. C’est véridique. À partir de ce moment-là, tu sais qu’on est tous écoutés, analysés et stockés. Ce qui se passe en Europe avec le RGPD ou l’IA Act, c’est bien, mais dans les faits, c’est insuffisant. Tant qu’on n’arrêtera pas d’utiliser les technologies américaines, qui aspirent tout, on ne sera pas vraiment protégés. »

Jean-Raphaël : « C'est vrai que tout ça paraît très compliqué à gérer. Selon toi, quelles sont aujourd'hui les applications de l'IA les plus sous-exploitées dans le monde des affaires ? Et comment vois-tu leur développement dans les prochaines années ? »

Cyril : « Honnêtement, je ne pense pas qu'il y ait encore beaucoup de domaines sous-exploités dans le monde des affaires. La finance, la comptabilité, la gestion, tout est déjà en train d’intégrer l’IA. Par contre, ce qui est certain, c’est qu’il y a encore très peu d’entreprises qui l’utilisent vraiment au quotidien. Aujourd’hui, seulement 7 % des entreprises utilisent l’IA. C’est très faible. En France, on parle souvent de ChatGPT, mais quand je fais des workshops et que je demande qui l’utilise vraiment de manière efficace, il y a très peu de mains qui se lèvent. Pourquoi ? Parce que les gens ne savent pas vraiment s'en servir. Il y a eu un effet waouh au lancement de ChatGPT, mais on s'est vite rendu compte que sans une bonne maîtrise du prompt, les résultats n’étaient pas ceux attendus. »

Jean-Raphaël : « C'est vrai. Si on ne sait pas comment poser la bonne question à ChatGPT, le résultat peut être décevant. Je pense que pour beaucoup, on a un peu surestimé ses capacités. »

Cyril : « Exactement. ChatGPT, c’est comme avoir un moteur de Ferrari sans les roues et sans la carrosserie. Il faut savoir construire la machine autour. En fin de compte, la clé, c'est vraiment de savoir "prompt" correctement, de savoir comment orienter la demande, comment dialoguer avec l’IA pour en tirer le meilleur. Il y a une vraie pédagogie à mettre en place, et c’est ce qui manque encore dans beaucoup d’entreprises. »


Voici la suite de la retranscription exacte :


Jean-Raphaël : « Je me permets juste une petite parenthèse pour ceux qui ne sont pas encore très familiers avec ChatGPT. Le "prompt", c'est la manière dont on va poser une question à l'IA, c'est un peu la commande qui va permettre d'orienter sa réponse. Aujourd'hui, le "prompt" se travaille et il y a même des personnes qui se spécialisent là-dedans. D'ailleurs, on commence à voir des "prompt engineers", c'est un vrai métier. »

Cyril : « Oui, tu as tout à fait raison. Ce sont des "prompt engineers", c'est un nouveau métier. Avec l'évolution des modèles, comme ChatGPT ou d'autres IA, on voit qu'il faut vraiment affiner la façon de poser les questions pour obtenir des réponses pertinentes. Il existe même des IA comme "Perfect Prompt" qui aident à améliorer les prompts, ce qui est très utile. »

Jean-Raphaël : « C'est fascinant ! Tu as également fondé des plateformes éducatives en ligne comme Warrior Academy et Coach Online. Quel rôle vois-tu pour l'éducation numérique dans la formation des futurs leaders du numérique et de l'IA ? »

Cyril : « Déjà, il faudrait que l’éducation nationale commence par intégrer l’intelligence artificielle dans les programmes scolaires. C’est primordial. Aujourd'hui, les jeunes vont grandir avec l’IA et il faut absolument qu’ils soient formés à cette technologie, qu’ils comprennent ses enjeux. Ce sont eux qui vont devoir gérer les futures barrières à mettre en place. Malheureusement, on est loin d’y être. Il faudrait vraiment que les futurs dirigeants et leaders du numérique soient formés dès maintenant aux outils d’intelligence artificielle, parce qu’ils vont en avoir besoin. »

Jean-Raphaël : « Il y a aussi une montée des inquiétudes liées à la régulation de l’IA, notamment avec les nouvelles législations mises en place en Europe. Par exemple, on en a entendu parler récemment avec l’iPhone qui, à cause du Digital Market Act, ne peut pas intégrer certaines fonctionnalités d’IA comme prévu en France et dans une grande partie de l’Europe. Penses-tu que la régulation actuelle est suffisante pour protéger à la fois les utilisateurs, mais aussi les entreprises, tout en soutenant l’innovation ? »

Cyril : « Là, tu touches un sujet vraiment épineux. Je vais être honnête, et peut-être que je vais me faire détester, mais la régulation actuelle, que ce soit la RGPD ou l’IA Act, c’est souvent plus de la communication qu’une véritable protection. La réalité, c’est que nos smartphones, nos ordinateurs, tout nous écoute en permanence. Il y a quelques semaines, je parlais de ma montre Bremont, que j’adore, à ma femme. Une demi-heure après, je recevais une pub pour cette montre. Il faut comprendre que ces technologies, qu'elles viennent de Google, Facebook ou autre, fonctionnent en aspirant constamment nos données. Alors, ces régulations, c’est bien en théorie, mais dans la pratique, elles ne peuvent pas stopper l’avancée de ces technologies américaines. »

Jean-Raphaël : « Donc, selon toi, on serait dans une sorte de paradoxe où les régulations essaient de freiner l’IA tout en sachant qu’on ne peut pas vraiment empêcher les technologies américaines de collecter des données ? »

Cyril : « Exactement, et c’est là tout le problème. Si on voulait vraiment sécuriser nos données, il faudrait complètement couper l’accès à ces technologies américaines, ce qui est tout bonnement impossible aujourd’hui. On dépend trop de ces outils. Et comme je le dis souvent, il n’y a que deux solutions : soit tu te coupes du monde, soit tu acceptes que tout ce que tu fais, tout ce que tu dis est enregistré quelque part. Donc, la vraie question, c’est comment on apprend à vivre avec ça, tout en essayant de mettre en place des cadres éthiques pour limiter les abus. »

Jean-Raphaël : « D'accord, et du coup, selon toi, comment les PME peuvent-elles rester compétitives dans cet écosystème dominé par des géants comme Google ou Microsoft ? »

Cyril : « C’est une vraie question. Aujourd’hui, il y a une petite révolution en cours avec l’IA européenne, comme Mistral par exemple, qui est une IA française. Elle est impressionnante et, dans certains domaines, elle fait même mieux que ChatGPT. Mais le problème, c’est que les levées de fonds et les investissements derrière ces technologies ne sont pas comparables à ce que peuvent lever des géants comme OpenAI. Aujourd'hui, tu as des mecs comme Sam Altman qui battent le monde entier pour lever des fonds pour construire de nouveaux serveurs dédiés à l'IA. On parle de projets colossaux avec des investissements qui atteignent des milliards de dollars.

En Europe, on n’a pas encore compris qu’il fallait vraiment investir massivement dans ce domaine pour pouvoir rivaliser avec ces géants. Il y a de l’argent en Europe, mais on est sur un vieux continent où on avance plus lentement, souvent par principe. Au Québec, ils nous appellent d’ailleurs les ‘oui-mais’. On est souvent dans le débat, dans l’hésitation, alors que là-bas, ils foncent beaucoup plus vite. »

Jean-Raphaël : « Donc tu dirais que c’est plus une question de mentalité et d'approche que de moyens ? »

Cyril : « Oui, en grande partie. Ici, en France, l’entrepreneuriat est souvent mal vu, et le fait de gagner de l’argent aussi. Aux États-Unis, quand tu te plantes, c’est vu comme une expérience, une leçon. En France, si tu échoues, tu es souvent marqué au fer rouge. C’est cette différence de mentalité qui nous ralentit, et si on veut vraiment être compétitifs dans le domaine de l’IA, il va falloir un vrai changement de mindset. »

Jean-Raphaël : « Le télétravail, la digitalisation des entreprises ont pris un nouvel essor depuis la crise du COVID. Sans rentrer dans les détails, puisque c’est ton domaine, quels sont les outils digitaux que tu recommandes aux entreprises pour pérenniser ces transformations ? »

Cyril : « Alors, le travail à distance est en train de changer, et des entreprises comme Amazon ont déjà annoncé qu’elles arrêtaient le télétravail. Moi, je l’ai toujours su, travailler à distance, c’est pas facile. Il faut une discipline mentale de fer pour rester concentré chez soi, entre la PlayStation, Netflix, et le frigo qui te tente en permanence. Franchement, il faut être très fort pour réussir à se poser à 9 heures, bosser jusqu’à 18 heures, et ne pas céder à la tentation.

J’ai eu des équipes hyper motivées qui faisaient un super boulot en télétravail, mais j’ai aussi eu des cas où les mecs ne sortaient même pas du lit pour allumer la caméra à 9 heures ! Donc pour moi, le télétravail, c’était une solution pendant le COVID, mais il n’y a rien de mieux que de bosser dans un bureau, avec des interactions humaines. Le coup de la machine à café, c’est incomparable. »

Jean-Raphaël : « Oui, c’est vrai qu’il y a beaucoup d’histoires sur les visios, les excuses pour ne pas allumer la caméra… »

Cyril : « Exactement. Et puis, travailler en open space, c’est super aussi, tu passes du service commercial au service informatique, tu échanges des idées, ça crée une vraie dynamique. À distance, on est plus isolé, on n’a pas ces échanges spontanés. Alors certes, certains peuvent être plus concentrés, mais globalement, on perd beaucoup en interactions humaines. »


Jean-Raphaël : « On en parlait au début de ce podcast, l’intelligence artificielle est de plus en plus présente dans l’éducation. On voit des plateformes de tutorat, des outils d’aide aux devoirs… Comment les parents et les enseignants peuvent-ils s’assurer que ces outils sont utilisés à bon escient sans nuire à l’autonomie des élèves ? »

Cyril : « C’est un très vaste sujet, et je pense que malheureusement, les profs sont un peu dépassés. Les jeunes se sont approprié des outils comme ChatGPT, et ils cartonnent. Franchement, ils sont très forts. Les enseignants sont souvent largués, même s’il y a des outils qui permettent de détecter si un devoir a été fait par une IA, il y a toujours moyen de contourner ces systèmes. Donc la solution, c’est vraiment la formation. Il faut que l’éducation nationale mette l’intelligence artificielle au programme, dès le lycée voire avant.

Aujourd’hui, les jeunes vivent dans ce monde de nouvelles technologies, et c’est un sujet aussi important que les maths ou l’histoire-géo. Il faut les former, il faut les préparer à ce que sera leur quotidien avec l’IA. »

Cyril : « Pour les parents, à la maison, c’est aussi compliqué de cadrer. On a tous entendu parler des jeux vidéo, mais aujourd’hui, ils sont aussi bourrés d’intelligence artificielle. C’est impressionnant, et ça concerne même les jeux pour adultes. On est vraiment passé à un autre niveau.

Pour ce qui est de l’éducation, il ne faut pas forcément s’inquiéter que les jeunes ne réfléchissent plus de la même manière. Ils réfléchissent différemment, plus vite. Ils ont grandi avec les nouvelles technologies, les réseaux sociaux, les informations en continu. C’est une autre forme de connexion neuronale que celle de nos parents ou grands-parents. Moi, j’ai deux filles, de 22 et 24 ans, et elles ont une rapidité de réflexion qui me dépasse parfois.

Alors, est-ce qu’on peut dire qu’ils vont devenir bêtes ? Non, je ne crois pas. C’est simplement un autre mode de pensée. Savoir que la prise de la Bastille a eu lieu en 1789, par exemple, est-ce que ça fait de toi une personne plus intelligente si tu le sais par cœur ? Je ne suis pas sûr. Ce qui compte, c’est d’être capable d’aller chercher l’information et de l’utiliser correctement. »


Jean-Raphaël : « Oui, c’est une autre manière de réfléchir. On a toujours ce débat sur l’éducation, et je pense qu’il va encore évoluer avec ces nouveaux outils.

Pour terminer sur une note plus personnelle, qu’est-ce qui te passionne aujourd’hui dans l’univers de la tech, et y a-t-il des domaines émergents qui captent particulièrement ton attention en ce moment ? »

Cyril : « Ce qui me passionne, c’est le futur. Le futur, tout simplement. On est en plein dedans. Terminator, Matrix… On est vraiment dans cette ère de la cybernétique, de la fusion entre l’humain et la machine. Regarde Elon Musk, il a implanté une puce dans le cerveau d’un tétraplégique, et le gars peut jouer aux échecs ! C’est fou.

Aujourd’hui, des géants comme OpenAI travaillent sur l’intelligence artificielle générale, ce qu’on appelle l’IAG. C’est exactement le scénario de Skynet dans Terminator. Une IAG serait capable de développer des armes autonomes, de prendre des décisions sans intervention humaine. C’est de la science-fiction, mais on n’en est pas loin.

Et ça me fascine, autant que ça me fait peur. Il faut vraiment que les gouvernements prennent conscience du danger potentiel et mettent des barrières pour éviter que ça ne devienne incontrôlable. Parce que si on laisse des génies comme Elon Musk ou Sam Altman avancer sans régulation, on pourrait avoir des surprises. Ce sont des visionnaires, mais ils marchent aussi sur un terrain miné. »

Jean-Raphaël : « Oui, tu touches à un sujet très sensible. On se souvient tous de l’impact de la bombe atomique, et on pourrait dire que l’intelligence artificielle pourrait avoir un impact encore plus dévastateur si elle n’est pas contrôlée. On a déjà vu des exemples d’IA qui dérapent. Sans contrôle, le danger est bien réel.

Mais essayons de terminer sur une note plus positive. Avant de se quitter, j’aimerais que tu nous parles de ton actualité. Tu nous as parlé rapidement de Vika et d’un événement à venir à Nice, qui va intéresser nos auditeurs. »

Cyril : « Oui, alors j’ai lancé il y a un mois une nouvelle plateforme qui s’appelle Vika. Ce n’est pas véritablement une IA en soi, mais plutôt un tableau de bord qui agrège plusieurs IA, dont ChatGPT et Mistral.

Ce que j’ai voulu créer, c’est un outil complet pour les entrepreneurs, les créateurs de contenu, ou même les RH. Vika propose des solutions dans plusieurs domaines, comme le marketing digital, la finance, ou encore l’art oratoire. On peut faire de la transcription, du texte-to-speech, du speech-to-texte, et j’en passe.

Ça fait un carton depuis son lancement, et on est en train de vraiment faire évoluer la plateforme pour qu’elle soit de plus en plus performante. Pour ceux que ça intéresse, le site c’est vika.fr. »

Jean-Raphaël : « Super, on mettra tous les liens dans la description de l’épisode, et ça promet d’être un outil incontournable pour nos auditeurs. Maintenant, tu nous as parlé d’un événement à Nice en fin d’année, qu’est-ce que tu peux nous en dire ? »

Cyril : « Oui, effectivement, on prépare un événement sur l’intelligence artificielle qui aura lieu les 5 et 6 décembre à Nice, au Crowne Plaza. Ce sera un moment fort avec des intervenants de renom comme Christophe Barbier, des avocats spécialisés, des chefs d’entreprise d’Auchan, d’Havas, et d’autres grands noms.

Pendant deux jours, on va vraiment se plonger dans l’IA, avec des exemples concrets, des ateliers pratiques. Il y a 200 places disponibles, donc il faut se dépêcher pour s’inscrire. La journée se terminera par une soirée de gala avec dîner spectacle, et bien sûr, une belle soirée pour ceux qui veulent prolonger la fête. »

Jean-Raphaël : « Ça donne vraiment envie, et je suis sûr que nos auditeurs seront nombreux à vouloir s’inscrire. On mettra aussi le lien dans la description pour ceux qui veulent se joindre à cet événement passionnant. Avant de conclure, est-ce qu’il y a quelque chose que tu aimerais ajouter, un dernier message à faire passer à nos auditeurs, Cyril ? »

Cyril : « Oui, je dirais qu’il ne faut pas avoir peur de l’intelligence artificielle. C’est une technologie qui est là pour nous aider, pour nous accompagner, pas pour nous remplacer. Il faut voir l’IA comme un super assistant qui peut nous permettre de gagner du temps et d’améliorer nos compétences. C’est important de s’approprier cette technologie et de comprendre qu’elle fait partie de notre avenir. Si on la maîtrise bien, elle peut être un outil incroyable pour innover et pour se développer, que ce soit dans le monde professionnel ou personnel. »

Jean-Raphaël : « Je te rejoins complètement. Merci beaucoup, Cyril, pour cette discussion passionnante. C’est toujours un plaisir d’échanger avec toi, et on a hâte de te retrouver pour de futurs épisodes. »

Cyril : « Merci à toi, Jean-Raphaël, et à bientôt pour la suite ! »

Jean-Raphaël : « Voilà, chers auditeurs, c’était le premier épisode de notre rubrique technologie sur Wave Storia. N’oubliez pas de vous abonner pour ne pas manquer les prochains épisodes, et surtout, pensez à partager cet épisode avec vos amis et collègues intéressés par l’IA. Merci à tous, et à très bientôt ! »