Wave Storia

View Original

Florent TALLARICO, photographe - En immersion chez les réservistes du 21eme RIMA #21

See this content in the original post

L'interview avec Florent Tallarico, photographe niçois et auteur du livre Réserviste, est un échange riche sur son parcours, ses motivations et les coulisses de son projet photographique centré sur les réservistes militaires. L'épisode débute par une présentation de Florent, qui découvre la photographie en 2004, mais ne se professionnalise qu'en 2014 après avoir terminé des études en droit et en communication à l'Université de Nice. Passionné par le portrait et le reportage, il travaille à la fois en argentique moyen format et en numérique, ce qui influence grandement son approche de la photographie.

Florent est surtout connu pour son travail autour de la réserve opérationnelle du 21e Régiment d'Infanterie de Marine de Fréjus, qu'il a suivi pendant deux ans pour réaliser son livre Réserviste, auto-édité en 2020. Ce projet a été récompensé par le prix UNOR (Union Nationale des Officiers de Réserve et des Organisations de Réservistes) la même année. Son objectif principal avec ce livre était de « faire rayonner la réserve opérationnelle » et de rendre hommage à ces « doubles citoyens, civils d'un côté et militaires de l'autre, avec un vrai engagement ».

Dans l'échange, Florent explique son choix de reverser cinq euros par exemplaire vendu à l'association 30 jours de mer, qui soutient les blessés de guerre, tant physiquement que psychologiquement. Il précise que cette association basée à Marseille permet aux anciens militaires de se reconstruire via des activités telles que des cours de voile. « L'association leur offre des cours de voile, ce qui leur permet de se réautonomiser et d'oublier momentanément leurs traumatismes en se concentrant sur la navigation », explique Florent, qui a été en contact direct avec le président de l'association pour organiser ce partenariat.

Florent revient ensuite sur la conception du livre Réserviste et son immersion auprès des soldats. Il raconte comment l'idée du projet est née durant son engagement dans la réserve opérationnelle après les attentats de 2016. « En 2016, juste après l'attentat de Nice, je me suis moi-même engagé dans la réserve opérationnelle. Mon commandant d’unité, sachant que j’étais photographe, m’a demandé de faire des images pour la communication du régiment, et c'est là que l'idée du livre est née. »

L’un des points forts de l’interview est la manière dont Florent évoque son choix esthétique de travailler principalement en noir et blanc dans son livre. Il explique que ce choix est motivé par un désir de rendre ses photographies intemporelles, en évitant de les ancrer dans une époque précise par l’utilisation de couleurs contemporaines. Selon lui, le noir et blanc permet de se concentrer sur l'essentiel : les personnes, leurs gestes, et l’ambiance générale, sans distraction. « Ce que je voulais, c'est que les générations futures puissent se reconnaître dans les activités montrées, que les images ne soient pas marquées par des détails temporels comme les équipements ou les uniformes. »

L'interview explore également des anecdotes de terrain, souvent teintées d’humour, comme lorsque Florent raconte avoir reçu « quatre grenades à blanc dans le dos » lors d'une simulation de nuit, ou encore l’épisode où un groupe de soldats a mis « une heure à tendre une bâche », offrant un moment de rigolade aux cadres et à lui-même.

Le photographe prend aussi le temps de parler de ses influences et de son rapport à la photographie, notamment à travers ses choix techniques entre argentique et numérique. Il privilégie l’argentique pour les portraits en noir et blanc, « car la taille du film moyen format offre plus de détails et de profondeur », mais se tourne vers le numérique pour des travaux plus dynamiques, comme les reportages, où la rapidité est primordiale. Il partage également une anecdote personnelle sur l’évolution de son style photographique : « Quand j’étais adolescent, je n’avais pas assez d’argent de poche pour acheter des pellicules, donc j’ai dû arrêter. Mais plus tard, à l’université, j’ai eu la chance de suivre des cours de photographie avec des professionnels, et c’est là que je suis vraiment retombé dedans. »

L'interview prend ensuite un tour plus personnel lorsque Florent raconte une rencontre marquante avec François Chauvin, un ancien combattant de la Seconde Guerre mondiale et parrain de la 6e compagnie du 21e RIMa. Florent évoque son admiration pour cet homme, décédé en 2021 à l’âge de 94 ans. « Monsieur Chauvin m’a impressionné par son parcours. Il avait reçu deux croix de guerre et avait servi en Indochine. C’était un sacré bonhomme, toujours en pleine forme, même à 94 ans. » Florent souligne que Chauvin a été un modèle de dévouement et de courage, et qu’il tenait à lui rendre hommage en le plaçant au début de son livre.

Enfin, Florent explique en détail plusieurs des photos emblématiques de son ouvrage, notamment un portrait de la caporale-chef Axel, professeure de SVT dans le civil et monitrice de combat au corps à corps dans la réserve. Florent est fasciné par ce mélange des rôles. « J'aime bien cette image, car elle montre cette dualité, ce côté à la fois civil et militaire. Elle est prof de SVT d'un côté, et de l'autre, elle entraîne les gens au combat au corps à corps... J'imagine que ses élèves ne doivent pas trop broncher en classe ! »

Il conclut en parlant de l'importance de la reconnaissance des réservistes, qu’il qualifie de « soldats de l'ombre », et dont le rôle dans des opérations comme Sentinelle reste souvent méconnu du grand public. Pour Florent, Réserviste est une tentative de mettre en lumière ces hommes et femmes qui partagent leur temps entre vie civile et militaire. Il espère que ce livre contribuera à changer la perception du grand public sur l’engagement des réservistes, tout en soutenant les anciens militaires à travers sa collaboration avec l’association 30 jours de mer.

L’interview se termine par une annonce du prochain épisode, où Florent reviendra pour partager son expérience d’auto-édition et les défis rencontrés en publiant un livre de photographie.

See this gallery in the original post