Auto-édition avec Florent TALLARICO, photographe

 

Dans cet épisode de Parlons Livres Photos, Florent Tallarico continue de partager son expérience de l'auto-édition, cette fois en se concentrant sur les aspects plus techniques et créatifs de la conception de son livre Réserviste. Dès le début de l'échange, Florent souligne l'importance du papier dans son processus de création. « Une photographie est terminée quand elle est sur le papier », déclare-t-il. Pour lui, le choix du papier est essentiel car il donne une dimension supplémentaire à l'image, une texture et une profondeur qui manquent souvent à une photo affichée sur un écran. Ce souci du détail a guidé l’ensemble de son projet d'auto-édition.

Florent a pris en charge presque toutes les étapes de la création de son livre, à l’exception de l’impression, bien trop complexe à réaliser en solo. « J'ai tout fait. En fait, le seul truc que je n'ai pas fait sur le livre, c'est de l'imprimer », explique-t-il avec humour. La réalisation de la maquette a été une étape cruciale, nécessitant des compétences en logiciels de mise en page, notamment InDesign. Florent précise que ces compétences, il les a acquises à l'université, ce qui lui a permis de maîtriser ce qu'il appelle une mise en page « épurée », sans fioritures inutiles. Il insiste sur la complexité d'une maquette épurée : « Épurer ne veut pas dire vite fait… c’est plus compliqué. »

L’un des moments marquants de cet épisode est le processus de sélection des photos, ou editing. Florent revient sur la difficulté de choisir 100 images parmi les milliers qu’il a capturées pendant ses deux années de reportage avec les réservistes du 21e Régiment d’Infanterie de Marine. Pour affiner cette sélection, il a d’abord pris toutes les photos qu’il « assumait », avant de les soumettre à un panel de proches. Finalement, certaines images se sont imposées par leur récurrence dans les sélections des différents participants. Ce travail minutieux lui a permis de « raconter une histoire » à travers les images, en suivant le parcours typique d’un réserviste.

Il partage aussi les dilemmes auxquels il a été confronté lors du choix des images finales, notamment celles qui avaient une valeur émotionnelle particulière pour lui. Florent admet qu’il a parfois dû écarter des photos auxquelles il tenait, non pas parce qu’elles étaient mauvaises, mais parce qu’elles ne s’intégraient pas bien dans la structure narrative du livre. « Il y a des images que j’aimais bien… mais elles s'inséraient mal dans l'histoire », confie-t-il.

Un autre aspect central de l'auto-édition abordé dans cet épisode est le coût. Florent s'est imposé une limite de 160 pages pour des raisons financières. Il explique que chaque décision, qu’il s’agisse du nombre de pages ou du choix du papier, a un impact direct sur le coût de production. Pour limiter les frais, il a opté pour des cahiers de 16 pages, une méthode qui permet de réduire les coûts de reliure. Comme le souligne Julien, « plus on reste dans un multiple de 16, moins on a de reliures à faire, et donc ça coûte moins cher. »

Florent explique également qu’il a dû faire valider l'intégralité du contenu du livre par les autorités militaires, un processus souvent long et fastidieux. Il raconte que la préface, écrite par un chef de corps, a été validée « la veille de l’impression », l’obligeant à finaliser le livre depuis une aire d’autoroute. Cette anecdote illustre bien les contraintes liées à la création d’un livre dans le cadre d'une collaboration avec une institution comme l'armée.

Un autre défi majeur évoqué par Florent concerne la préparation des images pour l'impression. En tant que photographe, il est habitué à préparer ses tirages de manière individuelle, mais pour un livre, la démarche est différente. Il a dû convertir ses images en bichromie, une technique consistant à utiliser une nuance de gris spécifique en plus du noir, pour garantir une qualité d'impression optimale. « J'ai tout appris en faisant », dit-il, soulignant ainsi l’aspect formateur de l'auto-édition.

Enfin, Florent évoque quelques erreurs qu’il referait différemment, notamment la quantité d’exemplaires imprimés. Bien que le coût unitaire diminue avec un tirage plus important, la difficulté réside ensuite dans la vente de ces exemplaires. Mais dans l’ensemble, il se dit satisfait du résultat et encourage les autres photographes à bien relire leurs textes avant impression, car une coquille peut vite passer inaperçue, même après plusieurs relectures.

Cet épisode est un véritable guide pour tous ceux qui souhaitent se lancer dans l'auto-édition, avec des conseils pratiques sur l’éditing, la mise en page, le choix du papier, la gestion des coûts et la relation avec les imprimeurs. Florent conclut avec humour : « Qu'est-ce que je ferais différemment ? J'en ferais peut-être pas mille… »

 
Julien GERARD

Julien Gérard est photographe professionnel, réalisateur de podcasts et éditeur de livres photo. Depuis 2008, il explore le monde à travers son objectif, en particulier l’Afrique, qui occupe une place centrale dans ses projets. Sa passion pour le Bénin, qu’il visite depuis 2009, l’a conduit à publier SOUFFLE, le Bénin vu du ciel, un livre dévoilant la richesse culturelle et la beauté des paysages de ce pays.

En parallèle, Julien donne la parole aux créateurs avec son podcast Parlons livres photos, où il explore les coulisses de la photographie et de l’édition. À travers des interviews captivantes, il met en lumière des artistes et leurs œuvres.

Julien est également co-fondateur de Wave Storia, la première plateforme de podcasts dédiée à Nice et la Côte d’Azur. Ce projet unique célèbre les talents et les initiatives locales à travers une large diversité de thématiques.

Avec Audio Pictura, il accompagne entreprises et institutions dans la création de podcasts et de livres photo, produisant des contenus authentiques et immersifs. Qu’il s’agisse de photographie, de podcasts ou d’édition, Julien raconte des histoires qui connectent, inspirent et captivent.

https://www.juliengerard.fr
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